Ce regard romantique sur la ruine va s'étendre au moyen-âge, notamment dans l'Europe du Nord où les peuples, parmi lesquels se développe un sentiment national, se cherchent un passé prestigieux.
Aux cabinets de curiosité réalisés par les antiquaires vont succéder des collections réunies avec un souci de rigueur historique. Le mot "archéologie" apparaît sous la plume des voyageurs qui rapportent de
leurs voyages en Orient des images et des objets qui vont alimenter les premiers musées.
La ruine muséifiée
Les premières fouilles archéologiques officielles sont celles de Pompéi (1709), qui vont également attirer des artistes ou savants effectuant leur "Grand Tour", pratique d'où est née le "tourisme".
XXe siècle : évolution vers la notion de "patrimoine"
Euromos
Euromos se situe dans le territoire antique de la Carie, le sud-ouest de l'Asie mineure, à 10 km au nord de l'ancienne capitale Mylasa (aujourd'hui Milas)
Situé le long de la route qui mène au nord vers Héraclée du Latmos, la ville fait l'objet de fouilles depuis 2013, sous la direction du Pr. Dr. Abuzer Kızıl (université de Muğla)
A l'extérieur des murailles de la ville, se trouve le sanctuaire de Zeus, dont le temple, datant de l'époque romaine, est dans un état de conservation exceptionnel.
Gravure du temple par Hilair (extrait des Voyages en Orient de Choiseul-Gouffier, 1794)
William Pars, 1784,
Les premières représentations du temple, par les voyageurs de la fin du XVIIIe siècle, nous montrent la ruine dans un état très proche de son état actuel. L'absence de village à proximité du site est une des raisons de sa sauvegarde.
Des photos exceptionnelles prises au mileu du XIXe siècle (Joseph-Philibert Girault De Prangey 1843) nous montrent également le bâtiment pratiquement tel qu'il est aujourd'hui, à part les interventions des années 70.
Du fait de l'absence de fouilles, le site ne changea pas d'aspect jusqu'aux annes 1970 et les premiers travaux de l'architecte-archéologue Ümit Serdaroğlu.
Vues de la cella (sekos) du temple
comportant un petit édifice (naïskos)
Sur le plan à gauche publié par l'archéologue allemand Rumscheidt, on distingue les parties principales du temple : une cella comprenant un petit "naïskos", précédée d'un pronaos assez allongé, et un opisthodome arrière avec colonnes in antis. De la colonnade du péristyle subsistent dix-huit colonnes dont certaines portent des inscriptions (M, L ...) en l'honneur de donateurs. Le nombre de degrés autour de la crépis n'est pas certain.
Il s'agit dun plan assez courant pour cette époque, mais la conservation des substructions du naïskos est assez exceptionnelle.
Vues aériennes du temple
(cliquez sur la photo pour agrandir)